Si Rousseau a entretenu, de son vivant, des relations difficiles avec sa
ville natale (fuite de Genève à l'âge de seize ans, condamnation
d'Émile par le Petit Conseil en 1762, etc.), il suscite encore, dans les
deux cents ans qui suivent sa disparition en 1778, nombre d'interrogations
et dérange, sur le plan symbolique.
L'inauguration de la statue de Pradier, dévoilée en février 1835 dans
l'île des Barques, est sans doute un des moments clés de tous les débats
organisés pour ou contre, et en tout cas autour du citoyen de Genève :
faut-il vraiment aimer Rousseau ? Est-il réellement une des figures de
proue de la cité de Calvin ? Quels services, finalement, a-t-il rendus à sa
patrie ?
On devine, derrière le sursaut moral ou les questionnements religieux,
un enjeu avant tout politique. Le problème est que Rousseau, tour à tour
prisé des libéraux, des radicaux, puis des socialistes, échappe à tout
dogmatisme. Le caractère fondamental des enseignements du Contrat
social ou des Lettres écrites de la Montagne apparaît à tous : mais nul
ne peut en revendiquer l'héritage.
C'est de cette histoire des relations de Rousseau à sa ville natale qu'il
est question ici. Une histoire qui commence en 1835, avec l'apparition
d'un Rousseau de bronze et qui s'achève - mais une fin, somme toute,
provisoire - à l'aube des années 2000.
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