Paul Arène (1843-1896)
"Me voici loin, résumons-nous !
Le bilan est simple : des amours ou soi-disant tels qui ne m’ont pas donné le bonheur ; des travaux impatients qui ne m’ont pas donné la gloire ; des amitiés, la tienne exceptée, qui m’ont toutes, en s’égrenant, laissé ce froid au cœur mêlé de sourde colère que provoque l’humiliation de se savoir dupe.
Bref ! je me retrouve de même qu’au début, avec en moins la foi dans l’avenir et le don précieux d’être trompé qui, seul, fait la vie supportable. Je ne rappelle que pour mémoire une fortune fort ébréchée sans même que je puisse me donner l’excuse de quelque honorable folie.
J’ai eu très distinct le sentiment de cela, il y a un instant, dans l’éternelle chambre d’hôtel banale et triste, en écoutant l’horloge de la ville sonner.
Par une rencontre qui n’a rien de singulier, cette horloge au milieu de la nuit sonnait l’heure de ma naissance, cependant qu’à défaut de calendrier, un bouquet d’anniversaire, envoi d’une trop peu oublieuse amie, me disait avec une cruelle douceur le chiffre de mes quarante ans... Ne serait-ce point la cloche d’argent du palais d’Avignon, au même tintement grêle et clair, qui ne sonnait qu’à la mort des papes ?
Il me semble, en effet, qu’en moi quelque chose vient de mourir."
Le narrateur court après la Chèvre d'Or, un animal de légende qui, en Provence, est le gardien d'un trésor abandonné par les Sarrasins, au Moyen âge...
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