La chanson de Treblinka
Treblinka. Daniel Doria a vingt ans. Il chante face à la mort :
Je tonds des hommes mis en rang,
des fous, des femmes, des enfants ;
des filles fées, des fleurs, des faons,
je tonds des Juifs et des Gitans ;
crânes tondus et cours éteints,
je les nettoie avant la douche ;
il en sort tant d'entre mes mains,
comme des bûches ou des bouches.
Crâne tondu, le dos courbé,
les côtes creuses, pieds enflés,
je suis l'un deux, déjà pesé,
compté, classé, presque passé...
Adieu cerises, demoiselles,
l'accordéon et la crécelle ;
le romarin, la ritournelle,
adieu les mûres, la marelle
Adieu l'amour, monts et merveilles,
le rossignol, la chanterelle,
adieu l'été, l'étang, les treilles,
voici le sang, les sauterelles...
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