Les onze derniers chapitres du grand recueil du Prophète Isaïe forment une unité littéraire assez homogène. Les oracles qui s'y trouvent, furent rassemblés après l'Exil babylonien. Ils forment un manifeste original où retentit une voix ouverte à l'universel, à l'inclusion des marginaux et même des exclus. Ces textes jouent un rôle prépondérant dans la liturgie chrétienne, notamment autour de la fête de l'Épiphanie, et connaissent déjà dans le Nouveau Testament une répercussion remarquable par de nombreuses citations et allusions. Jésus lui-même se reconnaît dans cette ouverture quand il reprend l'oracle : « Ma maison sera une maison de prière pour tous les peuples » (Is 56, 7, cité en Mc 11, 17). Il a conscience qu'avec lui se réalise « l'annonce de la Bonne Nouvelle aux pauvres » (cf. Is 61, 1 ; cf. Le 7, 22). Trois des quatre béatitudes lucaniennes, parallèles en Matthieu 5, sont tirées des oracles de ce livret isaïen. La spiritualité qui habite ces chapitres annonce celle qui domine dans l'ouverture des évangiles. Le commentaire valorise ces liens et offre une lecture contemporaine de cette petite cathédrale sur laquelle s'achève le grand livre d'Isaïe. Alors que les contemporains vivaient une dépression collective, le rédacteur de ce dernier recueil vient, au nom de Dieu, nourrir l'espérance. Cela nous affecte tout autant.
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