René Boylesve (1867-1926)
"Les petites Pergeline montrèrent le nez en riant : elles ne se tenaient pas de joie lorsqu’elles avaient pu entrer sans sonner, et parvenir à pas de loup, par le corridor, jusqu’à l’entrée de la cour.
Mais elles prirent aussitôt la figure penchée de toutes les personnes qui se présentaient à la maison :
– Mon « pauvre » Riquet, est-ce qu’on peut monter dire bonjour à ta « pauvre » maman ?
La bonne, Adèle, qui allait puiser de l’eau, répondit pour moi :
– Bien sûr que oui, mesdemoiselles. Madame a voulu se lever pour voir passer monsieur en militaire. Vous la trouverez sur son fauteuil en attendant le tambour... Et chez vous ? toujours pas de nouvelles de ce « pauvre » M. Paul ?
Les deux jeunes filles levèrent les sourcils et les bras :
– Rien. Mais les Prussiens sont à Tours ; ils ont lancé un obus contre l’Hôtel de Ville, et un autre qui a tué trois personnes, rue Royale."
Juste après la guerre de 1870, le narrateur, Riquet, un jeune enfant, part vivre dans la vaste ferme de sa grand-tante Félicie, à la mort de sa maman. Plusieurs membres de la famille y vivent et profitent de la générosité de Félicie; "nourris et logés", c'est ce que Félicie appelle la "becquée".
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