«Le 27 octobre 1967 Txabi Etxebarrieta écrivait quelque
chose comme :
avec furie d'égarement nos vies / tache énorme des corps / où t'aimer me cachera /
comme la mer se cache elle-même / en entier.
Juste à côté du poème on lit :
petit matin. Aujourd'hui, manifestation.
Quelques jours après le poème, Txabi quitte la maison familiale
pour l'engagement révolutionnaire. Peut-être, ai-je lu chez
Lorenzo Espinosa, résolvait-il ainsi les grandes souffrances de
son âme adolescente. Entre l'absurdité de la vie et la lutte pour
la liberté, il n'y a qu'un pas. Il fallait que la lutte fût absolue. Le
destin n'est rien s'il ne possède dans le tapis, en image tressée,
quelque mort exemplaire.»
Marie Cosnay gratte l'Histoire comme certains grattent les murs du
Palazzo Vecchio à la recherche de la fresque perdue. Elle trouve,
enfouie, la poésie de Txabi Etxebarrieta, des bribes, des vues - mais
pas l'ensemble de la scène.
La bataille d'Anghiari eut lieu le 29 juin 1440, opposant Milanais et
Florentins ; elle mobilisa onze mille soldats et dura quatre heures ;
leur champ de bataille, un pont. De cet affrontement, il ne reste rien
dans la mémoire commune, rien, mise à part la représentation qu'en
fit Léonard de Vinci (1504-1506). Cette image peinte sur le mur de la
salle du Grand Conseil du Palazzo Vecchio de Florence a été recouverte
par une fresque de Vasari.
De l'oeuvre de Léonard, ont été conservées des études préparatoires dont
aucune ne montre l'ensemble de la scène. La partie centrale appelée
La Lutte pour l'étendard est connue par des copies : celle appelée Tavola
Doria (anonyme, 1504-1506) et celle attribuée à Pierre Paul Rubens
(1600-1608), tableau conservé au Louvre.
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