Il faut le dire d'entrée, le souffle prophétique de Gorenstein se lève de nouveau dans ces trois nouvelles dans toute la puissance de son verbe et de ses emportements. Vient ensuite la tendresse humaine.
Trois personnages : deux vieillards et presque un enfant. Un vieux médecin au bord de la folie (Degrés), un vieux savant victime de la nuit (Le tas), un très jeune mineur de fond qui mourra de trop de pureté (Kim).
Trois paysages : un interminable escalier, une route pleine de trous et d'obstacles, la mine.
Trois situations critiques voisines de la mort, adoucies de visions «simples et tranquilles» : la nature, les petits animaux dont la vue suffit à tempérer les grandes rages gorensteiniennes, ses indignations ; les enfants et leur univers dont nous avons perdu le passeport ; l'humanité profonde capable de pardonner même une monstruosité et d'envier l'aveugle qui nous croît capables d'attraper les étoiles.
Grands ou piètres, les personnages de Gorenstein s'affirment de toutes leurs forces, avec obstination. Un héroïsme, qui se joue sans bruit, servi par une vision qui laisse, en même temps que l'amertume, une étrange flamme au cœur.
L. D.
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