Justice et injustices environnementales
En quoi l'environnement peut-il constituer un objet de justice ? S'agit-il de justice sociale ou de justice environnementale ? Le mouvement américain « Environmental justice » né dans les années 1980, a initié la lutte contre les inégalités environnementales et a appelé à la reconnaissance de droits à bénéficier d'un environnement préservé, de façon équitable. Depuis le Sommet de la Terre de Rio en 1992, le droit international de l'environnement a pris en considération ces inégalités et développé des dispositions pour les réduire. Les pays signataires (dont l'Union Européenne et la France) ont adopté des mesures pour faire face aux risques pour l'environnement, sans intégrer cette notion de « justice environnementale ». Les épisodes de pollution et catastrophes écologiques imposent de protéger les populations humaines contre ce qui peut porter atteinte à leur santé, à leurs conditions vitales et, plus largement, à leur dignité et à leurs droits fondamentaux. La contribution massive des pays industrialisés aux dégradations de l'environnement interpelle politiques et économistes sur une mesure de la dette écologique globale, surtout celle qui touche les pays dont les populations exposées sont les plus vulnérables. Le souci de l'environnement et celui de l'équité sociale seraient-il incompatibles ? Pour sortir des logiques de transferts de charges et de pollutions, des régulations ont été développées en droit, en économie, en politique environnementale mais sans vraiment associer les citoyens au processus décisionnel, écartant le plus souvent toute idée de démocratie écologique. Entre éthique environnementale, défense des droits des peuples et des minorités, luttes politiques, justice sociale et démocratie, la valeur attribuée à l'environnement redessine les possibles formes de gouvernement des hommes en société.
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