Jupiter et Mercure
Le pouvoir présidentiel face à la presse
Au moment de son élection, Emmanuel Macron a été présenté comme l'homme d'un « nouveau monde » qui devait remplacer les pratiques anciennes. Mais, du point de vue de ses rapports avec la presse, c'est au contraire avec un très ancien monde que ce jeune président a d'emblée voulu renouer. Il apparaît en effet comme l'héritier assumé des monarques républicains qui l'ont précédé, au point que le terme « Jupiter » lui-même est emprunté au double septennat de François Mitterrand.
Après un quinquennat Hollande marqué par des échanges incessants avec les journalistes, la « saine distance » voulue par Emmanuel Macron a dans un premier temps été bien accueillie. Mais cette attitude s'est très vite transformée en mépris et elle a conduit le Président à des erreurs, tel son comportement impérieux au moment de l'affaire Benalla. Son cas est loin de constituer une exception, puisque la logique même des institutions de la Ve République se prête à des rapports tendus entre le chef de l'État et la presse : du général de Gaulle à François Hollande, tous les prédécesseurs d'Emmanuel Macron ont ainsi été tentés, un jour ou l'autre, de mettre les journalistes au pas.
Le risque est cependant réel, lorsque Jupiter cherche à imposer ses vues à Mercure, de saper les fondements de sa propre légitimité. Conscient sans doute de ce péril, et comme l'ont fait ses devanciers les plus habiles, le Président a consenti à de réelles inflexions après les épreuves qui ont marqué le début de son mandat. Mais, comme le montre cet essai, son attitude envers la presse n'a changé qu'en surface : même s'il a renoncé à employer ce mot, Emmanuel Macron restera sans doute jusqu'au bout un président « jupitérien ».
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