« Chaque fois qu'on se met à la recherche d'un esprit libre, c'est vers lui qu'on se tourne. » Parce que l'intolérance et la barbarie menacent toujours et encore, et parce qu'il estime que Montaigne, avec sa parole de la fin du XVIe siècle, offre la réponse la plus pertinente à l'oeuvre destructrice des fous de Dieu, Jean Rouaud a imaginé un affrontement entre l'auteur des Essais et un juge sectaire chargé de mener son procès. « Un jugement pour de faux pour tenter de dire le vrai. »
« C'est ici un livre de bonne foi, lecteur » : ainsi commencent les Essais. Quelle audace quand, au temps des guerres de Religion, c'est précisément cette question de la bonne foi qui divise l'Europe... Jean Rouaud propose cette clef pour éclairer l'oeuvre de Montaigne et son humanisme intemporel.
Dans cette tragi-comédie, qui mêle vers rimes et non rimés, morceaux choisis, étude littéraire et réflexion politique, Jean Rouaud s'adonne à une écriture poétique, étonne, amuse et s'amuse, et trouve un terrain où s'exercent sa virtuosité comme son humour, mais aussi sa capacité d'indignation.
« les guerres de religion ont toutes un air de parenté
il faut une grande liberté d'esprit pour choisir de se retirer
plutôt que de participer à cette répétition terrestre du Jugement dernier
tout en s'accordant autre pied de nez
de sonner les cloches à toute volée
le matin de Pâques en terre réformée
il faut un grand détachement pour ne pas céder à ces luttes partisanes et tenter de démêler les fils embrouillés entre les frères ennemis
il faut un culot monstre pour profitant de ce cyclone ravageur
faire le calme en soi et avec un oeil d'une lucidité impeccable
s'offrir comme cobaye humain il faut être Montaigne »
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