Judith, jeune veuve, sauve son peuple de la menace de Nabuchodonosor. Après avoir rendu courage aux gens de Béthulie assiégée, elle se fait introduire par ruse auprès du général Holopherne et lui tranche la tête, provoquant la débandade des troupes ennemies et méritant la bénédiction des Anciens d'Israël.
Catherine Lépront adopte, dans un long monologue intérieur, le point de vue de la servante de Judith, seul lien que sa maîtresse recluse avait gardé avec le monde: mémoire silencieuse de celle qui dut rapporter la tête coupée du général et perdit dans le même temps sa «place de témoin, et de colporteuse de paroles».
Marc de Launay, analysant la structure du récit, s'attarde sur ses deux figures centrales et symétriques: Achior, chef de guerre quittant les rangs de l'armée d'Holopherne pour s'introduire à Béthulie, où il se convertira; Judith, femme pieuse devenue soldate vengeresse, rejoignant le camp de ses ennemis pour éradiquer l'idolâtrie.
Laura Weigert appuie son approche iconologique sur un épisode peu connu: le 16 juin 1534, Hille Feicken sortir de Münster assiégée pour faire de son évêque un nouvel Holopherne, et mourut décapitée... Manière singulière d'éclairer la grande vogue de ce thème, qu'illustrèrent à l'époque Lucas Cranach, Hans Baldung Grien ou Artémisia Gentileschi.
Couverture: Lucas Cranach, Judith avec la tête d'Holopherne, 1530, huile sur bois, 86x59 cm, Stuttgart, Staatsgalerie
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