Juan Rulfo
Trente ans après
Juan Rulfo mourait le 7 janvier 1986, mais il était entré dans la légende bien avant. Son oeuvre, bien que brève, est devenue universelle, tout en gardant son mystère. La pulsion à écrire semble s'enraciner dans un noyau fantasmatique très puissant, où se mêlent des événements collectifs tragiques de l'histoire du Mexique du début du XXe siècle (derniers troubles révolutionnaires, la Réforme agraire, la désertification des campagnes), et des malheurs personnels liés à cette histoire (assassinat du père et des oncles, expérience de l'abandon et de la solitude pendant l'enfance et l'adolescence). Mais c'est l'élaboration symbolique et langagière de ce noyau, extraordinairement féconde, qui est seule capable de rendre compte des caractères propres de l'écriture rulfienne.
La fascination si particulière qu'exerce cette écriture n'est pas facile à expliquer, tant elle est complexe sous des apparences de simplicité. Cet essai s'efforce de déployer les richesses de l'oeuvre dans son ensemble, pour promouvoir une lecture active et actualisée, par delà les idées toutes faites et simplificatrices longtemps ressassées par une certaine critique. Il met en lumière des constantes structurelles dans les récits, des personnages de femmes à la fois envoûtantes et insaisissables, des formes de narrateur si subtiles qu'elles emportent l'adhésion du lecteur, désarmé par tant d'innocence, des paysages et des villages rongés par un temps mortifère et par la violence des hommes.
Trente ans après le décès de l'écrivain mexicain, et soixante ans après la publication de Pedro Páramo, la distance permet un nouveau regard.
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