Joyeux, c'est le surnom donné aux damnés qu'on laisse pourrir dans les bataillons disciplinaires d'Afrique. Joyeux, quelle ironie...
Julien Blanc raconte les années terribles où, parmi ces désespérés, oubliés dans un lointain désert, il tente de survivre. Lui, le révolté, l'enfant qui a fait ses humanités à l'orphelinat, ressent une rage noire envers la bêtise, l'obscurantisme de ceux qui les ont envoyés là.
Toute sa tendresse, son immense tendresse, il la garde pour ses camarades, ses compagnons d'infortune, tant son désir est puissant de trouver l'essence humaine en chacun d'eux. Car l'humanité est bien là, éclatante, exemplaire, chez ces brutes avilies cherchant, comme des enfants, à être aimés, même si cet amour entre hommes est réprouvé. Comme eux.
Dans un univers concentrationnaire, Julien Blanc le sait mieux que quiconque, celui qui est traité comme une bête se conduira comme une bête. Rien n'a changé depuis le Biribi de Georges Darien.
Inutile d'en rajouter donc, il suffit de se souvenir et de raconter. Un jour que Julien Blanc disait à Jean Paulhan toute la difficulté qu'il éprouvait à écrire un roman, celui-ci lui répondit simplement : « Vous avez tort de vous obstiner à écrire des oeuvres d'imagination. Crachez d'abord votre vie. »
Et Julien Blanc, l'autodidacte, le rebelle, le coeur pur, n'a de cesse dans Joyeux, fais ton fourbi de la cracher, sa vie.
Joyeux, fais ton fourbi est paru, pour la première fois, en 1947.
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