Christiane Rochefort a tenu ce journal par intermittences,
entre 1986 et 1993. L'autrice de Printemps au
parking, des Stances à Sophie, d'Une rose pour Morrison
aborde alors la vieillesse avec, intact, "un certain état de
fureur" qui est la condition de sa lucidité, de son ironie,
de sa légèreté profonde. Fureur de vivre et goût de vivre,
chez elle puissamment liés, se traduisent en réflexions
lapidaires et parfois désespérées sur l'état du monde, en
fragments émerveillés devant sa beauté, l'apparition des
bourgeons, le vol des martinets, le chant des rossignols
ou Mozart.
La concision à laquelle elle atteint ici est admirable, ses
notes ont souvent la justesse émouvante ou cinglante
du poème. Rochefort qui avait écrit "Ça ne m'intéresse
pas de raconter ma vie, je la connais déjà" (Ma vie revue
et corrigée par l'auteur) ne tient pas son journal pour
garder trace de sa vie, ordonner sa pensée, organiser le
cours des choses. Elle écrit sur l'écriture et elle écrit sur
des riens, et sur des fulgurances, sur la douleur, sur le
courage, sur ce qui alimente le flux créatif ou l'assèche.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.