«Très jeune - j'avais à peine vingt ans - j'ai décidé que je serai l'un des observateurs de la vie qui passe. Par gentillesse ou par indifférence, personne ne s'est opposé à cette étrange vocation. J'ai donc observé. J'ai noté les notables. J'ai vilipendé tous ceux qui auraient pu dire du mal de moi. J'ai poursuivi dans l'âge mûr les rédactions de l'adolescence. Cinquante années ont passé. J'observe toujours» affirme Philippe Bouvard qui, en effet - à la manière d'un entomologiste sarcastique -, scrute depuis quelques décennies la société française et ses contemporains. Volontiers cruel envers les autres, il est impitoyable vis-à-vis de lui-même : «A trente ans, j'étais persuadé de faire une carrière littéraire et de mourir jeune. J'aurai tout raté.» Preuve, si besoin était, qu'il s'inscrit dans la grande tradition des diaristes, tels Jules Renard et Paul Léautaud.
Philippe Bouvard écrit comme les mousquetaires se battaient en duel au XVIIe siècle. Esquive, pointe et, à la fin, le trait qui fait mouche. Ce redoutable bretteur sait aussi à l'occasion être tendre et mélancolique. Mais il se ressaisit vite afin de continuer son œuvre de démolition des cuistres.
Le Journal de Bouvard sera, n'en doutons pas, le premier classique du XXIe siècle.
Philippe Bouvard a publié entre autres ouvrages, au cherche midi éditeur. Les Pensées et Le Journal de Bouvard 1992-1996.
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