Journal
Dans son Journal 2005, Jacques Vergès nous entraîne de procès célèbres en rencontres, voyages, retrouvailles et conférences débats toujours passionnantes. Passé maître dans l'art d'arracher leurs masques aux personnalités les plus respectables, le pénaliste bretteur fait, jour après jour, le procès des bonnes intentions. Et dresse la liste des multirécidivistes de l'Histoire qui alimente l'injustice permanente des plus forts et des opportunistes : les juges qui se pensent au-dessus de tout soupçon et condamnent des cibles toutes trouvées au nom d'impensables compromis politiques ou financiers, les démocrates autoproclamés sans peur ni reproche, que leur victoire passée contre les totalitarismes d'antan a installés à jamais dans l'impunité pour les mêmes crimes, ou encore les droits-de-1'hommistes bien au chaud dans leurs bottes de nouveaux croisés, auxquels le droit d'ingérence confie le Saint-Graal du néocolonialisme. Aux bonnes intentions, les procès truqués, puisque le spectre de Nuremberg plane toujours sur ceux de Saddam Hussein ou de Slobodan Milosevic. La stratégie n'a pas changé ; sacrifier un « monstre » que rien ne départage, au profit d'un partage du monde... plus monstrueux encore mais occulté.
Pour connaître toute la vérité sur le monstre, il faudrait donc un vrai procès, lieu de la véritable métamorphose du monde. Il faudrait rééditer l'exploit du collectif des avocats du FLN qui réussit à transformer un simulacre de procès en reconnaissance politique, clé de l'indépendance algérienne en 1962... Tâche plutôt ardue à l'heure où des « terroristes » non jugés disparaissent dans des zones de non-droit absolu. À l'heure de Guantanamo.
Le journal d'un idéal de justice qui s'écrit sous le regard scrutateur et incisif d'un avocat toujours libre de sa pensée, comme en témoignent ces pages au grand style.
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