Mondes anglophones
Jonathan Coe n'est pas qu'un satiriste de la politique britannique. En politisant tout ce qui relève de l'intime dans la création de ses personnages, dans ses intrigues et ses jeux narratifs, dans la réception intime de son écriture et celle de ses images, Coe construit une oeuvre autrement politique que celle que l'on croit lire de prime abord. La réflexion sur l'intime s'impose tant le politique s'éloigne toujours du thématique ou du référentiel pour s'ancrer dans l'intimité des personnages, mais aussi leurs erreurs et leurs échecs. C'est bien au coeur de cet intime que peut se constituer un espace pour le politique.
D'un roman à l'autre, de La Femme de hasard (1987) à Expo 58 (2013), Coe fait de ses personnages vulnérables les agents d'une véritable démocratie narrative. Les coïncidences narratives se multiplient, tandis qu'il convient de mesurer la portée politique et stylistique du dissensus et de l'alternative : loin de proposer une troisième voie littéraire, Coe présente l'alternative comme étant elle-même inévitable dans les politiques de l'intime. Chaque roman apporte un éclairage spécifique à cette nouvelle esthétique du chaos ordonné. Par un subtil jeu d'écart, les intimités du texte prennent forme pour faire du narratif le seul espace viable entre politique et intimité. À partir des ultimes dissensus formels de ces romans, dans leur ouverture répétée à la musique, à l'image fixe et au cinéma, un dernier glissement de l'excès à l'absence et de l'écart au vide se fait jour, puisque cette nouvelle intimité textuelle est pour Coe la meilleure promesse d'intimité démocratique que la littérature puisse formuler dans l'Angleterre d'aujourd'hui.
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