Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Charles-Ferdinand Ramuz. Dans ce récit qui a le caractère d'une vision, Ramuz imagine la "résurrection de la chair" dans un village des Alpes. Il la dépeint en petits tableaux de la plus grande diversité, qui rappellent, par la simple fraîcheur de leurs images et leur fidélité au réel, l'art des primitifs flamands. Chacun des habitants du pays ressucite, et ses doléances se tranforment en un chant de joie, parce que c'est maintenant la paix, l'allégresse, l'amour, et qu'il n'y a plus ni passé ni avenir, mais une grande immobilité dans le temps. Cette félicité sans contraste menace d'être détruite par sa propre uniformité. Mais, au cours d'un bref intermède, une chevrette égarée dans une crevasse obscure amène Bonvin le chasseur à s'aventurer jusqu'au fond d'une gorge où il découvre les damnés. Le ciel s'obscurcit, la montagne s'embrase jusqu'à devenir transparente comme du verre en fusion et laisse voir aux bienheureux le terrifiant spectacle de la punition éternelle. Bien que les suppliciés tendent avidement les bras vers le lieu du bonheur, ils sont repoussés par la force même de leurs passions. Les deux mondes ne peuvent se confondre. Seule la conscience de la douleur donne un sens à la joie.
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