Johann Christoph Adelung est méconnu en France et même en Allemagne, sa patrie.
Le souvenir de ce représentant notoire de la « Volksaufklärung », la propagation des Lumières dans la population allemande cultivée, s'est estompé deux siècles après sa mort en 1806, au moment précisément où l'ordre aristocratique et impérial, qui représentait pour lui l'aboutissement du processus de civilisation du genre humain, s'apprêtait à voler en éclats.
Il nous reste de lui essentiellement une oeuvre lexicographique novatrice et d'une exceptionnelle qualité consacrée au « haut-allemand », à l'anglais et au latin médiéval et, dans les dernières années de sa vie, la mise en place d'un ambitieux projet de répertoire des langues du monde connues à l'époque, le Mithridate, dont il n'a pu mener à bien que le premier volume, mais que son partenaire, Johann Severin Vater, a su achever avec le soutien notoire des frères Wilhelm et Alexander von Humboldt.
En marge de ces publications remarquables, Adelung a produit une quantité prodigieuse de traités de grammaire, d'histoire des États et de la civilisation et de philosophie pratique qui ont fait sa renommée jusqu'à la fin du XIXe siècle. Cette littérature, qui nous paraît aujourd'hui d'un intérêt secondaire, a cependant une vertu remarquable, celle de nous éclairer sur l'univers intellectuel de l'Allemagne des Lumières, profondément bouleversé par les guerres napoléoniennes qui allaient reconfigurer tout l'ordre politique et social de l'Europe centrale avec la disparition du Saint-Empire et l'inexorable ascension de la Prusse.
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