«On pouvait discuter la façon dont il avait établi ses plans, lui chicaner
tel ou tel rayon de sa gloire, le peuple continuait à l'aimer d'une
affection où la sympathie tenait encore plus de place que l'admiration»,
écrivait Le Petit Parisien le 6 janvier 1931, après la mort du
maréchal Joffre. Dans le même temps, il concentrait sur sa personne
d'innombrables critiques : officier tour à tour présenté comme égoïste,
incapable, faible ou lâche.
Ni hagiographie ni critique systématique, la biographie qu'en propose
Rémy Porte retrace sa carrière, sans parti pris. Formé sous le Second
Empire, marqué par la défaite de 1870-1871, polytechnicien ouvert
aux nouvelles technologies, Joffre est nommé chef d'état-major général
en 1911. Porté au pinacle après la victoire de la Marne, il fait l'objet
d'une véritable vénération jusque dans le plus petit village. A la tête
des armées françaises jusqu'en 1916, il est remplacé par Nivelle à la
suite des terribles batailles de Verdun et de la Somme. Reste que, plus
que tous ses pairs, il a su incarner le commandement, en exigeant que
chacun tienne sa place, à son niveau, et en assumant seul les prises
de décision.
Alors que s'ouvrent les cérémonies du centenaire de la Grande Guerre,
voici enfin un portrait nuancé du généralissime, sans concession, mais
construit sans oeillères à partir des sources les plus diverses, dont plusieurs
témoignages inédits.
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