Le Jésus révolutionnaire d'un descendant de Cévenols
Dans la longue liste des réécritures des évangiles, le Jésus de
Barbusse tient une place à part.
Non seulement du fait de l'excellence littéraire de l'auteur ; non seulement encore de par la cohérence de cette réappropriation ou reconstitution (« restitution », écrit l'auteur, terme qui ne va pas sans faire signe vers un certain Michel Servet) -ce qui fait de ce livre un ouvrage exemplaire, c'est la parfaite conciliation qu'a su opérer Henri Barbusse entre un Jésus révolutionnaire - lecture dont personne ne saurait contester la légitimité - et un Jésus entièrement spiritualiste.
On peut lire ce livre de multiples manières. L'une des plus fécondes reste peut-être cette ouverture du débat portant sur la Révolution. Outre une gloire littéraire, Barbusse demeure une grande figure du communisme. Mais toute la fibre cévenole réapparaît : attendre la Révolution, ce n'est rien autre chose que nous attendre nous-mêmes, car « la Révolution est de l'esprit ».
Quand la démarche spiritualiste chemine au plus près de l'athéisme, il reste l'idéal et sa figure emblématique : « Qu'il vienne à votre secours, à vous qui êtes tourmentés, à vous qui, cherchant une force à la loi morale et à la certitude, désespérant trop de la toute-puissance humaine, tâtonnez encore vers des Dieux dans des nuées, écoutez les paroles du vent qui passe, et vous cognez aux grilles de lumière et au plafond d'azur ainsi qu'à vous qui, rangés en ordre, aujourd'hui où presque toutes les nations du monde sont entre les mains des hypocrites, mettez l'idée pure, sage, et juste, de la Révolution dans la grande âme religieuse de l'humanité. Ainsi soit-il. »
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