Gonçalo M. Tavares n'a pas le droit d'écrire aussi bien à son âge. Ça me donne envie de le frapper. José Saramago
Hinnerk avait été entraîné à ne pas attendre, à agir, à faire siennes les choses. Il avait été le soldat qui avance dans le couloir ouvert par le danger. Et le danger était un endroit privilégié pour que des événements se produisent. Comme si le danger accélérait l'homme, le rendait superactif, un grand constructeur. Ce n'est que face au grand danger que l'on construit des édifices solides ; les édifices bâtis en toute sécurité lui paraissaient incarner la lenteur, le mensonge, exempts qu'ils étaient de la peur qui accélère l'irruption de la vérité de toute matière, qu'il s'agisse de matière humaine ou de simples briques.
Et ce qui l'excitait tandis qu'il flairait la crosse de son arme, c'était l'odeur de ses mains. En regard des sensations qu'il parvenait à analyser depuis quelques années, l'une avait pris force en lui : Hinnerk serait capable de manger de la chair humaine.
Ce qui l'excitait, une fois encore, courbé au-dessus de son arme, c'était cette dilatation du monde, cet enrichissement du désir. Il sentait cela comme une capacité en trop, une force en plus, au-delà de la normalité, la capacité de dépasser les limites.
Mais cette capacité qu'il sentait en lui ne laissait pas de l'effrayer.
Génie d'un immense avenir Enrique Vila-Matas,
Le Magazine littéraire
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