" Ma vie est un pacte avec le diable. Je la déteste. Tout comme je me déteste. "
Cette phrase terrible, Jean-Luc Delarue me l'avait confiée, un soir, au détour d'une conversation ou – une fois n'est pas coutume – il avait baissé la garde et s'était épanché sur son désespoir intime et son incapacité à être heureux. C'était il y a une douzaine d'années. Cet aveu terrible m'avait bouleversée.
Cet homme à qui tout réussissait était un ange et un démon, un type charmant à ses heures et un odieux personnage à d'autres, un caractériel, un colérique capable de verser dans les pires excès verbaux lorsque les événements n'allaient pas comme il le souhaitait. Capable aussi d'offrir des cadeaux et d'inonder de fleurs ceux avec lesquels il avait été méchant ou désagréable, Jean-Luc, incapable de constance, victime de ses sautes d'humeur et de sa paranoïa, ne savait pas entretenir d'amitiés stables.
Jean Luc n'aimait personne parce qu'il ne s'aimait pas lui-même. De là est né ce grand gâchis qu'a été sa vie. Car derrière les images de bonheur factice qu'il vendait sur les pages glacées des magazines, en réalité il se détruisait volontairement, tout comme il détruisait tout ce qu'il avait bâti autour de lui.
Ce livre ne sera pas une biographie mais un témoignage. Un témoignage parcellaire tel que le fut notre relation. Il n'a pas la prétention d'être exhaustif. Je l'écrirai comme j'ai vécu cette relation qui n'en était pas vraiment une : avec perplexité, fascination, doute et compassion. Il ne s'agit pas de le salir mais de témoigner. De relater des fragments de vérité. Celle de l'histoire d'un homme qui n'a jamais été heureux et qui a été incapable de profiter de sa réussite.
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