Jean Giono
Du mal-être au salut artistique
La question du mal, très obsédante dans toute l'oeuvre de Giono, puise ses racines dans l'impossible « mélange de l'homme et du monde ». Elle se rattache à la déception de l'écrivain de voir les hommes fuir le giron universel, foyer de forces et de vie, mais aussi foyer de « perte » et de dévoration.
Les désillusions de Giono, augmentées de ses déboires liés à la Deuxième Guerre mondiale, l'ont conduit à articuler ses idées sur la quête de la joie et à chercher dans le seul univers de l'écriture - qui du coup a tendance à se mettre de plus en plus en abyme - un débouché à son désir d'exorciser la réalité hideuse et de recréer par les voies mentales le mythe de l'âge d'or infiniment plus heureux que le présent.
Cette écriture, consciemment préméditée, devient le monde clé de sa joie. Elle questionne aussi bien la réalité observée que les moyens littéraires d'en rendre compte. Par la puissance des mots, Giono inscrit les gestes des sauveurs/sauveteurs, médiateurs de la joie, dans l'axe de la création et de la réalisation du Beau. Il donne forme et vie à la nature et la réinvente avec les couleurs, la lumière et les sons. Par l'écriture, il réalise un désir d'Absolu et d'illimité et atteint un idéal artistique transcendant. Car le remède au mal, c'est l'écriture. Et les mots deviennent des accomplissements.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.