Les découpages géographiques successifs vécus par mon Sud-Ouest n'en finissent pas de me confondre. Bien sûr, j'ai toujours su que j'étais né Girondin : dans ma famille qui vivait de l'industrie du pin maritime, on n'omettait jamais de préciser que nous vivions dans les landes girondines. Quand j'ai pu avoir quelques notions d'histoire, j'ai appris que l'occupant anglais nous avait longtemps confinés dans une province qui s'appelait Guyenne et qu'une voisine de mon village avait ajouté à son patronyme d'Aliénor le nouveau nom d'Aquitaine !
Et pourtant, les premiers mots que j'ai pu entendre autour de mon berceau étaient bien du gascon ! Pour tous, j'étais désormais le « chicoï » (le petit) et cette langue maternelle n'a jamais cessé depuis de m'accompagner, y compris lorsque le curé du village écrivait des vers en patois pour fustiger le nouvel occupant : allemand, cette fois.
C'est dire que, à l'instar de Montaigne, je peux affirmer avec certitude que je suis gascon, même si cette mythique province de Gascogne a aujourd'hui bien du mal à définir des limites territoriales très précises. Sans doute est-elle comme son arbre fétiche, le pin maritime, dotée d'une racine profonde, que personne ne saurait lui dénier...
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