Je travaille au Luxembourg
Une socio-histoire d'un espace transfrontalier de qualification
À la question « Qu'est-ce que tu fais ? » ou « Qu'est-ce que tu deviens ? », les habitants des zones frontalières françaises du Luxembourg, qui représentent parfois plus de la moitié de la population active, répondent souvent : « Je travaille au Luxembourg », comme si le lieu d'emploi devenait plus important que la profession ou le contenu du travail. 40 ans plus tôt, la référence dominante (et masculine) était sidérurgique et beaucoup d'ouvriers se définissaient par leur métier. Qu'en est-il aujourd'hui dans l'espace frontalier ? Comment les qualifications acquises, individuelles et collectives, ont-elles été renégociées à travers le mouvement d'affrontement du travail au capital ? Les politiques de gestion de la main d'oeuvre définissent-elles de nouveaux espaces sociaux et spatiaux de qualification ? Contribuent-elles ou non à limiter les capacités d'initiatives locales et, si oui, au profit de quels groupes sociaux ?
L'hypothèse centrale de l'ouvrage est que l'évolution de l'emploi aux frontières révèle de nouvelles frontières de l'emploi, celles d'un passage en tension de la qualification à l'employabilité, c'est-à-dire d'une qualification inscrite dans des droits collectifs liés à l'emploi à une évaluation individualisée et récurrente comme condition d'accès à l'emploi. L'analyse s'appuie sur des recherches ancrées dans le bassin de Longwy sur un temps long de plus de 40 ans et sur des travaux récents menés dans le cadre de la Maison des sciences de l'Homme Lorraine. Trois secteurs du travail frontalier sont privilégiés : la sidérurgie, la banque et le travail social. De nombreux et longs extraits d'entretiens avec des travailleurs frontaliers sont proposés. Ils contribuent à cette socio-histoire d'un espace transfrontalier de qualification.
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