Si Marina Tsvetaeva (1892-1941) compte aujourd'hui parmi les grands poètes russes du XXe siècle, on le doit au destin et au tempérament hors du commun de sa fille, Ariadna Efron (1912-1975), seule survivante d'une famille broyée par la Terreur stalinienne. Après seize ans de Goulag, elle consacre les vingt dernières années de son existence à faire publier l'oeuvre de Marina. La « fille prodige » deviendra le premier éditeur de sa mère.
Je t'aime affreusement est une lettre fictive qu'Ariadna aurait pu écrire, depuis le premier jour de sa libération, en 1955, jusqu'à sa mort, en 1975. Une lettre d'outre-tombe adressée à celle qui est morte depuis longtemps pour lui dire ce qu'elle n'a jamais su : les sentiments qu'elle, Alia, a éprouvés auprès d'une mère à la personnalité excentrique et exaltée, qui lui a transmis le meilleur et le pire, le goût de la littérature et la condamnation à l'exil. Une lettre où elle laisserait enfin éclater sa colère, face à l'injustice, face au sacrifice d'une vie vouée à ce seul devoir : sauver de l'oubli la poésie de Marina Tsvetaeva. Pour y dire aussi l'impuissance, le pardon, et le mystère d'un père absent. Pour faire entendre la voix de cette fillette aux grands yeux bleus, qui a vécu à l'ombre de sa mère, à l'ombre de l'histoire.
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