Ça prend un paquet de temps, les bruits et les gestes partout.
Finalement, elle arrête de bouger. Et de crier. C'est comme si ça
lui avait demandé beaucoup d'efforts. Elle a l'air au bord de
s'écrouler, comme les bâtisses. Elle se met face à nous. Elle a
l'air prête.
Elle fait un son. Un truc inouï, tout ramassé. Très aigu. Avec des
grimaces immenses. Beaucoup plus qu'il faut pour un seul mot.
Et après, je suppose que c'est un sourire qu'elle fait. C'est effrayant.
Mais elle a l'air contente.
Cette épopée chimérique est construite autour
du personnage de No, enfant sauvage, sachant à
peine parler à son grand désespoir, mais virtuose de
la chasse au lièvre. À la mort de ses grands-parents,
No quitte son terrier, accompagnée d'Ozer, ange
gardien cultivé mais invisible, culminant à 32,5 cm
de hauteur. Ce drôle de duo qui s'ignore sera rejoint
en cours de route par Ubodie, survivante écorchée
d'une grande ville dévastée.
Seul le talent étonnant de Nathalie Constans pouvait
créer ce conte déjanté, nourri de culture rock et
de mythologie nordique. Inventant une langue, un
univers, elle interroge la littérature elle-même, son
pouvoir sur le monde et les hommes. Sous couvert
d'un récit héroïque, elle dénonce la faillite d'une
économie mondialisée, l'ostracisme et le joug de la
consommation devenue culture de masse.
Le travail d'Anya Belyat-Giunta semble construit
sur des hallucinations intimes. Il trouve dans le roman
de Nathalie Constans des résonances évidentes, et son
dessin précis, précieux, imprudent, s'empare avec
une exquise indélicatesse des visions qui nourrissent
le récit.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.