La poésie de Drazen Katunaric se déroule dans la tension entre le monde de la nature et le monde des idées, là où la logopoeia en tant que « danse de l'intellect parmi les mots » (Ezra Pound) organise une chorégraphie par rapport à l'image concrète gardée en mémoire, par rapport au fragment très précis du paysage et au contour du visage qui habite cet espace. L'environnement spécifique sur lequel - ou depuis lequel - le sujet lyrique articule son message, fait allusion au lieu dans un sens plus large, plus originel, et invite à la transcendance métaphysique de la réalité, mais seulement à condition que chaque sens soit le gage d'un envol, et la métaphysique du quotidien le tremplin pour une plongée dans les profondeurs où surviennent les « miracles » poétiques. Chez Katunaric, la nostalgie d'un espace est celle d'une ambiance, personnelle, inscrite dans la mémoire par une cartographie des choses et des gens, des odeurs, des saveurs, des bruits et des langues. Le souvenir du poète est une expérience concrète, vécue, chargée de sensualité, et en même temps mélancolique, nimbée de soleil méditerranéen, au sens propre, et aussi au sens d'une nostalgie temporelle de la poésie méditerranéenne qui reconnaît les résonances de sa tradition, mais préfère choisir la simplicité d'un moment de vie fulgurant.
Sibila Petlevski
Les yeux pleins de ciel.
De flammes.
Une fumée lointaine
des feux de la Saint-Jean
enveloppe le temps durci
des montagnes rocheuses.
De l'autre côté de la mer
je compare
mon maintenant et mon autrefois
comme des navires éloignés
et la pierre non brûlée des montagnes.
D.K., extrait de Sur la terrasse
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