Rosemarie naît dans une famille juive hongroise le 3 mai 1924 à Fiume,
l'année même où l'Italie fasciste annexe la ville. En 1929, les étrangers
ont le choix entre prendre la nationalité italienne ou quitter le pays. Les
Benedikt décident de rester et deviennent italiens. C'est là leur premier
changement de nationalité (il y en aura sept jusqu'en 1950 !)
Le 7 octobre 1938, les journaux annoncent en première page les
lois antijuives de Mussolini, suivies des interdictions infligées aux
Italiens «della razza ebraica». Ferenc, le père, directeur technique
d'une raffinerie de pétrole, est licencié ; la famille doit quitter son
appartement ; Rosemarie, quatorze ans, n'a plus le droit de fréquenter
l'école publique. Commence dès lors l'odyssée des Benedikt : plus
d'une fois, ils échappent de justesse à la déportation (leurs proches
parents auront moins de chance...).
Rosemarie entame en avril 1938 la rédaction de son journal intime où
elle décrit sans pathos tout ce qui se passe autour d'elle. Rosemarie
alias Mariarosa ne baisse jamais les bras. Elle a bien mérité son surnom
de misirizzi («dure à cuire»), tant sa persévérance et sa présence
d'esprit lui permettent de surmonter tous les obstacles et d'écarter
tous les dangers. Son optimisme naturel lui donne une force inouïe et
son époustouflante audace lui permettra de faire un pied de nez à la
machine d'extermination nazie.
Pendant ces sept années de fuite pour échapper aux rafles, la vie des
Benedikt est jalonnée de craintes, de doutes, d'incertitudes, parfois de
moments de panique, mais aussi d'instants de pur bonheur et même
d'épisodes burlesques ou franchement comiques. On pleure, on sourit,
on rit... On vit. Tout simplement.
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