Il y a cent vingt ans, deux hommes se battaient en duel. C'était chose courante. Mais, ce jour-là, l'un des duellistes était le ténor de la vie politique de l'époque : Jean Jaurès !
Pourquoi risqua-t-il ainsi sa vie ? Plus exactement, pour quelles causes ?
Le 4 décembre 1904, sous la grande verrière de la gare d'Orsay, les cheminots se retournent au passage d'un homme : Jean Jaurès. Le député du Tarn monte dans le Sud-Express à destination de Saint-Sébastien en Espagne - que va-t-il y faire ? En plus de sa famille et de ses fidèles compagnons socialistes, un personnage n'appartenant pas aux cénacles socialistes fait partie du voyage : Paul Gastinne Renette, un armurier. Car, oui, Jean Jaurès, le pacifiste lettré et esthète, le grand humaniste, se battra en duel au pistolet le lendemain. Son adversaire s'appelle Paul Déroulède, figure de la droite nationaliste, exilé en Espagne pour une tentative ratée de coup d'État.
Fidèle à son temps, Jean Jaurès pouvait-il s'extraire des moeurs politiques de son époque ? Ce n'est pas le moindre des paradoxes que de voir ce farouche opposant à la peine de mort, ce défenseur du pacifisme se rendre sur le champ d'honneur pour y laver un affront.
L'affrontement, organisé le 6 décembre 1904 à Hen- daye, à la frontière franco-espagnole, ne voit pas seulement s'opposer deux hommes, mais deux visions de la France. Tandis que les plaies de l'affaire Dreyfus sont encore béantes, ce duel fait figure de caisse de résonance des enjeux politiques de l'époque. Les bras sont pointés vers le ciel. « Messieurs, êtes-vous prêts ? - Feu ! Un, deux, trois ! »
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