J'appelle depuis l'enfance
Dans la grande chambre vide
J'entends des pas qui s'approchent.
Est-ce un ange ou bien mon juge ?
Ce nouveau recueil de Gérard Bocholier n'est pas seulement une évocation de l'enfance du poète, écrite à l'heure de prendre congé d'une maison familiale, c'est aussi une question inquiète adressée à l'enfant qu'il fut : lui est-il demeuré fidèle ?
La première partie, la plus ample, est un hommage rendu par « L'enfant de septembre » aux lieux et aux êtres qui ont bâti sa personnalité. D'eux provient l'héritage immatériel qui a fondé sa vocation poétique. À ces âmes simples qui composaient pour lui un riche « livre de présences », entre Auvergne et Franche-Comté, l'auteur rend hommage dans des poèmes pleins de mélancolie rêveuse. Leurs travaux et leurs jours étaient un silencieux enseignement : « Y eut-il plus belle école ? »
Dans la deuxième partie, « Qui j'étais », le questionnement se fait plus anxieux au souvenir du douloureux passage de l'enfance à l'adolescence, quand les « rôles » que l'on croit devoir tenir constituent un « théâtre d'illusions » où l'on pourrait se perdre. La vérité du moi à venir se voile et se dévoile en même temps : « Toujours je m'étonne / Du garçon étrange / Croisé sous les porches / Qui me ressemblait // J'ai bu toute honte / Etouffé mes plaintes / Qu'aurait-il pensé / De cet égaré ? »
C'est cette vérité intime que la poésie aura pour tâche un jour de purifier, au plus près de la prière, pour la transformer en offrande. Les lecteurs de Gérard Bocholier reconnaîtront dans les 33 poèmes de la troisième partie, tous composés de deux quatrains, un prolongement des trois livres de Psaumes qu'il a publiés ces dernières années. Ces « Chants pour la fin » font ainsi figure de préparation à l'entrée dans l'éternité : « Veilleur dans un paysage / De tristesses apaisées / J'avance vers le sommet / D'où tous les morts nous regardent. »
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