Farouchement libre et indépendante, l'Américaine Jane Evelyn
Atwood, parisienne d'adoption, fait preuve depuis plus de trente ans
d'une clarté radicale quant aux raisons qui l'ont conduite à devenir
photographe. L'acte photographique, pleinement imbriqué dans
le réel qu'il documente, est, semble-t-il pour elle, un acte moral :
il conjugue une prise de responsabilité et une prise de vue.
L'engagement dans chaque nouveau travail est initialement
vécu sur le mode de la nécessité et de l'empathie.
Révélée au tournant des années 1970, Jane Evelyn Atwood,
première lauréate du prestigieux prix de la fondation W. Eugene
Smith en 1980, a imposé l'acuité de son regard et la spécificité
de son mode opératoire à travers ses recherches et ses reportages
consacrés aux légionnaires, aux "vieillesses", aux jeunes aveugles
ou aux mutilés des mines antipersonnel. Elle est l'une des premières
à opter pour ce qu'il est convenu d'appeler un travail au long
cours, ne pénétrant les univers qui la requièrent qu'après s'être
longuement documentée sur eux, telle une cinéaste
qui multiplierait les repérages. A l'instar d'un W. Eugene Smith
ou d'un Lewis Hine, l'oeuvre de Jane Evelyn Atwood s'inscrit
dans les temps forts de l'histoire de la photographie sociale.
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