J'ai ce que j'ai donné
Du joli compliment que mon père adresse à ses parents le 24 octobre 1900 - il a cinq ans ! - au petit mot qu'il envoie à une amie le jour de sa mort, le 8 octobre 1970, ces lettres que j'ai retrouvées par hasard dans le joyeux « foutoir » du Paraïs dévoilent certaines facettes de sa personnalité qui n'ont pas retenu l'attention des biographes...
Mon père fut profondément, violemment, égoïstement heureux. Il était de ces êtres rares qui attachent la même valeur à une jeune pousse d'asperge sauvage qu'au cachemire le plus luxueux. Il fut peut-être désenchanté des hommes, mais jamais de la vie même. S'il n'a pas été un homme parfait, il fut ce père exceptionnel qui m'a appris à respirer, à apprécier la chose la plus infime, regarder un paysage, boire à une source, si peu de chose pour enchanter une journée entière...
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