Cent vingt ans après qu'elle a éclaté et divisé la France, l'affaire Dreyfus a encore beaucoup à nous apprendre.
De 1898 à 2018, les leçons de l'histoire n'ont pas été tirées. Alors que le camp des ennemis de Dreyfus est paresseusement réduit à celui des nostalgiques de l'ordre ancien et d'une France révolue, beaucoup passent à côté de l'essentiel : l'inquiétante modernité des idées dont se sont réclamés les antidreyfusards, Édouard Drumont et Charles Maurras en tête.
La portée et l'influence de leurs positions ont en effet marqué durablement notre vie politique et idéologique : une judéophobie viscérale, l'antiélitisme et une défiance envers le cosmopolitisme.
Bien sûr, la mobilisation de Zola avec son célèbre « J'accuse... ! », l'engagement de Clemenceau, directeur de L'Aurore, et la détermination de tous les dreyfusards, ont permis, in extremis, de réhabiliter le capitaine. Mais cette « gigantesque répétition générale du XXe siècle » a signé la naissance d'un monstre français : l'antisémitisme populiste, foudroyant le partage entre gauche et droite. Un monstre dont Alexis Lacroix pointe la prospérité, les mutations et les résurgences, jusqu'aux fièvres actuelles de l'islamo-gauchisme.
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