Le maréchal Pétain fut interrogé à dix reprises avant l'ouverture de son
procès.
Dans ces interrogatoires, nulle conférence, des questions. Les pièces de
l'accusation sont présentées à l'accusé : dépositions de témoins, correspondances,
ses propres déclarations... Pétain répond, successivement abattu,
indigné, combatif, assumant son action ou se défaussant sur son entourage.
Sa défense s'ébauche, élémentaire, puis s'échafaude avec ses avocats.
Restés inédits dans leur intégralité jusqu'à aujourd'hui, ces procès-verbaux
d'audition saisissent par l'incroyable désordre et la marche forcée des
questions. L'impression est celle d'un exercice imposé, dans l'urgence, si ce
n'est l'improvisation.
L'objet principal des interrogatoires n'en est pas moins saisissant : l'armistice
«criminel», la collaboration ? Non pas ! Le socle de l'accusation, c'est le
complot : le supposé cagoulard en chef Pétain aurait tramé la défaite pour
renverser la République. Radicale, bâtie sur quelques pièces et arguments
massues, l'accusation de complot convient à l'urgence judiciaire, mais aussi
à l'opinion puisqu'elle disculpe l'immense majorité des Français et de leurs
représentants qui ont souscrit à l'armistice et aux pleins pouvoirs.
Ces interrogatoires d'avant le procès sont suivis de l'audition de l'Île d'Yeu
où les représentants de la commission parlementaire chargée d'étudier
les événements qui se sont déroulés de 1933 à 1945, viendront entendre
Philippe Pétain pour la dernière fois.
Ces interrogatoires appartiennent à l'Histoire. Ils ne pouvaient demeurer reclus.
Leur lecture est indispensable pour bien comprendre ce que furent l'action
et le régime de Vichy.
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