Irapuato, mon amour
Petite épopée d'une mémoire ouvrière au Mexique
S'il s'agit de sauvegarder le souvenir du mouvement [ouvrier] et de ses protagonistes anonymes contre l'oubli institutionnel, il est aussi question d'en bâtir l'épopée. La fois où le patron et le dirigeant syndicaliste jaune furent écrasés aux dominos par deux leaders syndicaux, celle où les soudeurs de Tula en grève résistèrent en mangeant les cactus des alentours, la double destruction de la voiture du patron par un monte-charge... Une épopée ouvrière qui, comme toujours chez Taibo II, s'inscrit dans la longue lutte des oppressés contre les oppresseurs, et construit grâce à la littérature, au fur et à mesure, ses propres références, sa mythologie, ses exploits et ses héros : cette doña Eustolia qui brandissait son couteau de cuisine comme une épée vengeresse, Carlos Vargas et El Gallo qui deviendront les acolytes d'Hector Belascoarán (le personnage de ses romans policiers) et surtout, « L'Araignée », super-héros populaire, défenseur de l'ouvrier, vengeur social insaisissable qui tisse sa toile de messages d'usine en usine pour devenir le héros collectif, solidaire plus que solitaire, le porte-étendard (rouge) d'une lutte sociale oubliée qui prend, par le biais de la littérature, des allures de légendes. Taibo II l'a dit : « Démythifier n'est pas le plus important ; il faut savoir remythifier »...
De la préface de Sébastien Rutés
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