On n'a jamais tant parlé de l'Iran et pourtant le mystère demeure.
La révolution islamique de 1979 est une date bien plus importante
que tous les évènements liés à l'islamisme depuis, 11 septembre
2001 inclus. Elle seule a mis sur pied un modèle qui n'a renoncé
à aucune de ses ambitions et trouve dans le désordre croissant de
son environnement régional les conditions d'une nouvelle expansion.
Les crises ponctuelles qui défrayent la chronique - soutien
au terrorisme, programme nucléaire aujourd'hui - nous éloignent
toutefois de la seule question qui importe, celle de la nature et des
fins poursuivies par le régime islamique. Force est de constater
que, depuis 1979, rien n'a été fait pour le mettre en question. L'université,
dans sa majorité aussi complaisante à son égard qu'elle
le fut il y a trente ans à l'égard du maoïsme, réclame la maîtrise de
la version officielle de l'histoire : la révolution islamique répondrait
peu ou prou à l'attente des Iraniens. Aux yeux de Ramine Kamrane
et de Frédéric Tellier, rien n'est plus faux. Malgré ses spécificités,
le système islamique relève de l'emprise d'un totalitarisme qui doit
être pensé dans le sillage de ses deux premières vagues, nazie et
soviétique. Le fait totalitaire n'est pas mort. Nous en sommes les
contemporains. La pensée anti-totalitaire que l'on croyait remisée
avec son objet est bien la seule à même de nous aider à percer ce
«mystère islamiste» presque trentenaire et toujours entier.
Inscrire la question iranienne dans la généalogie du fait totalitaire
revient à souligner que la situation actuelle de l'Iran n'est pas de
l'ordre de la fatalité. La rupture, qui viendra des profondeurs de la
société iranienne, menace le régime.
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