Dans l’industrie du Hip-Hop, on ne (se) ment pas. Le calcul y est omniprésent. Parce que sans poursuite d’abord de son intérêt, aucune chance en ne partant de rien de se sortir du terrain vague où on traîne. Aucune chance de survie dans un univers où le droit d’exister, toujours, se gagne à la force des tags, des rimes et des flows. Ici, on sait ce qu’investir veut dire. Et que ce n’est jamais sans risques.
Dans l’industrie du Hip-Hop, on sait que seul, on ne va jamais très loin. Pour cette raison, la bande est la maille du raisonnement stratégique, organisationnel, managérial. Le mimétisme en devient omniprésent, puisqu’il faut se choisir une famille, y être intégré et y rester. La compréhension et le respect des règles mimétiques du collectif est alors question de survie pour ne pas risquer l’exclusion qui serait sinon, à terme, assurée.
Dans l’industrie du Hip-Hop, les anciennes figures héroïques ont montré l’exemple. Pas celui, vendu à longueur de discours télévisés. Non le vrai. Le peace, unity, love and having fun... à mille lieux des pratiques des entertainers dépressifs qui se vautrent luxueusement dans leur sex, drugs and rock’n roll. Non, ici c’est pas ça. Ici, la drogue on la deale. Le business, on le tient. Mais il n’est jamais qu’une étape.
Voilà posés les trois mots importants que l’on a à apprendre du Hip-Hop : le calcul, le mimétisme, l’exemplarité. Parce que ce qu’enseigne le Hip-Hop, comme avant lui le blues, c’est que les temps ont toujours été durs pour les petits. Et que leur seule force – mais ô combien puissante – a toujours été celle-là : capuche sur la tête pour résister aux intempéries du dehors, dans les terrains vagues du réel comme dans les cages d’escalier, ne rien attendre ; apprendre petit à petit à croire en soi et en les siens ; et puis s’organiser avec pour seule obsession, de proche en proche, la conquête du monde.
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