Introduction à Moi, laminaire... d'Aimé Césaire
Édition critique
« En 1982, Aimé Césaire fait paraître, aux Éditions du Seuil, ce qui sera son dernier recueil de poésie publié. Moi, laminaire... Cet ensemble en trois parties, exceptionnellement précédé d'un prologue, constitue, à maints égards, un bilan de son oeuvre poétique et de sa confrontation à la vie et à l'Histoire. Un bilan souvent désenchanté, même s'" il n'est pas question de livrer le monde aux assassins de l'aube ". Une sorte de rapatriement vers son coeur d'homme chahuté par les combats parfois illusoires comme par le flot et le ressac de la mer (la laminaire est une algue qui, accrochée aux roches des Caraïbes, subit le va-et-vient des vagues), vers ce qui constitue le socle indéfectible de son parcours, la poésie et les témoins de l'engagement du poète (Frantz Fanon, Wifredo Lam, Miguel Angel Asturias). Moi, laminaire... ou le second retour au pays natal, celui des mots.
Les textes du recueil qui les rassemble dans un désordre lui-même battu par le vent et les vagues ont été écrits sur une période de quinze ans. Ils ont été repris, remaniés et réintitulés par l'auteur au gré de leurs publications. C'est le grand mérite de Mamadou Souley Ba, René Hénane et Lilyan Kesteloot (dépositaire d'une vingtaine de poèmes manuscrits), tous trois connaisseurs intimes et passionnés de l'oeuvre césairienne, de reconstituer la genèse de Moi, laminaire... en présentant les textes dans l'ordre où ils ont été écrits ou ont paru à l'origine, en en reproduisant l'état manuscrit à chaque fois que celui-ci a subsisté et en les assortissant, l'un après l'autre, d'un commentaire au plus près de leur sens. Ainsi se reconstitue pas à pas, parole après parole, le mouvement d'une oeuvre jaillie de la plume de Césaire autant dans l'impétuosité qu'on lui connaît que dans le doute, sinon la douleur, qu'on soupçonne moins. »
Jean-Pierre Orban
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