Depuis 1992, les Coordinations des intermittents du spectacle se sont construites
autour d'un constat et d'une revendication : la discontinuité de l'emploi qui
caractérise le secteur du spectacle concerne un nombre grandissant de travailleurs et
pas uniquement les artistes et les techniciens du cinéma, du théâtre, de la télévision,
du cirque, de la danse, etc. Pour combattre la précarisation et la paupérisation de
couches de plus en plus importantes de la population, le régime de l'intermittence
doit être élargi à tous les travailleurs soumis à la flexibilité de l'emploi.
C'est avec le mouvement social qui a marqué la scène politique de juin 2003 à
avril 2007 que, pour la première fois, le mot précaire fait son entrée dans l'espace
public. Les intermittents en lutte assument, jusque dans le nom qu'ils se donnent, le
fait d'être à la fois «intermittents» et «précaires». La Coordination des Intermittents
et Précaires a ainsi porté à un niveau supérieur le conflit en le déplaçant sur un terrain
politique. En démontrant que le travail déborde l'emploi, que le temps de chômage
est aussi un temps d'activité, que ces activités restent invisibles à l'entreprise et aux
institutions, les intermittents se battent pour des «nouveaux droits sociaux», pour
la continuité des droits et du revenu en situation de discontinuité de l'emploi, plutôt
que pour l'emploi à plein temps.
Ce livre retrace la genèse, les développements et les résultats d'une recherche qui a été
le fruit d'une coopération et d'une coproduction entre «savants» et «profanes», entre
des chercheurs universitaires et les militants des collectifs et des coordinations.
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