Albert Thibaudet
Intérieurs
Baudelaire, Fromentin, Amiel
Il est des auteurs - Hugo, Gautier, Balzac - capables « de suivre, de décrire, d'embrasser » grâce à leur art « le monde extérieur avec toute sa diversité ». Mais il en est d'autres - Baudelaire, Fromentin, Amiel - dont la principale raison d'écrire est de « se dire », de « marquer [leur] différence », de « s'exposer en un journal intime ». C'est à eux que sont consacrées ces trois études qu'Albert Thibaudet (1874-1936) a réunies sous le titre Intérieurs.
Rédigées à l'occasion de trois centenaires - Fromentin est né en 1820, Amiel et Baudelaire en 1821 -, ces pages forment trois portraits littéraires. Thibaudet pratique ce genre à l'instar de son maître Sainte-Beuve : il ne s'agit pas d'expliquer l'oeuvre par l'homme, mais d'appréhender l'homme à travers l'oeuvre. Non pas l'homme dans la contingence anecdotique de son quotidien, mais l'homme dans ce qu'il pense, dans ce qu'il ressent. Car Thibaudet pratique la critique en moraliste. D'où sa prédilection pour la grande tradition des moralistes français qui, à ses yeux, commence avec Montaigne et aboutit à Gide, en passant précisément par Baudelaire, Fromentin et Amiel.
Ils appartiennent à la même génération, « celle des Trente ans en 1850, de la vie d'homme sous le second Empire ». Par rapport à la génération précédente, celle des grands romantiques, c'est celle du « reflux ». Trois esprits « infiniment plus intelligents que créateurs », d'où leur intérêt pour la critique, critique d'art et critique littéraire. Chacun représente un des éléments dont se composent les lettres françaises : Paris, la province, l'étranger. « Trois visages symboliques et complémentaires de la durée littéraire française. »
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