Qu'il accorde ou non crédit au récit de la Genèse, le travailleur se demande quelle faute il expie quand, à l'usine, au bureau, dans son entreprise, il voit ses jours lui échapper, accaparé par un emploi du temps qui lui est imposé. Il déteste sa vie. Puisse ce précis lui donner des raisons de détester, plutôt, le travail.
Schiffter nous livre, d'« Absenciel » à « Zèle », non le Dictionnaire des idées reçues laborieuses, mais le lexique sadique des usiniers, l'argot des garde-chiourme contemporains, le patois toxique du bien-vivre en suant sa journée. Sa méthode est simple, débarbouiller le vocabulaire des hiérarques de l'entreprise pour le rendre à sa nue vérité noire. Avec lui, il n'y a plus d'acteur et de talent, de boîte et de bilan, de société, de cadre, de carrière ou de cible, mais des esclaves corvéables, soumis et diligents, et des maîtres à engraisser. La convivialité managériale et la performance reçoivent enfin une appellation correcte : celle de l'asservissement régulé et de l'abêtissement planifié du cheptel laborieux. Précis fort précieux en ces temps de start-up modèle et de coolitude directoriale.
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