Le romantisme n'est pas fini : c'est une affection chronique qui affecte
l'imaginaire collectif en Occident.
Même persuadés que rien n'est plus comme avant, nous restons sous
l'emprise des principes intellectuels, artistiques et moraux qui se sont
imposés à partir d'environ 1800, où les poètes anglais remplacent le héros
par le «génie» créateur de lui-même comme inspirateur et modèle. La
littérature et les arts sont désormais lancés dans une perpétuelle fuite en
avant, où il ne s'agit plus d'explorer la condition humaine, mais de la
renouveler par le défi, comme Baudelaire l'a saisi le premier. L'imaginaire
ainsi façonné en Occident a résisté au positivisme scientiste et aux idéologies
qui tentaient de rétablir des paradigmes sans mystère ni tragique.
Mais la quête éperdue de sensations inédites, facilitée par le développement
des techniques de production et de diffusion, a privé le verbe de sa puissance
d'évocation poétique et abouti à un snobisme élitiste.
D'où et comment renaîtra un peu de cette poésie dont l'homme a besoin,
parce qu'elle contribue à son honneur et même à son bonheur ? Ce défi
est également lancé à «l'Église». La «nouvelle» évangélisation doit en
tenir compte, ne pas miser sur le romantisme moribond qui réduit la foi
à une adhésion subjective et rappeler qu'elle est un «donné» dans la
dynamique de l'élection où Dieu agrège à son Peuple les nations baptisées.
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