L’impuissance de la littérature est de nos jours une question centrale dans la création littéraire et dans la critique. Ce livre collectif examine cette question selon deux axes : en amont de l’oeuvre, l’impossibilité d’écrire ; en aval de l’oeuvre : l’interrogation sur l’action ou l’inaction de la littérature face au monde réel et à l’Histoire.
Cette interrogation n’est pas pessimiste : l’impuissance peut être féconde. L’un des paradoxes de la littérature, c’est que, de cette impuissance, l’écrivain va tirer des oeuvres particulièrement intenses, bouleversantes par la singularité d’un style, d’une voix, et toujours riches d’effets sur le lecteur.
C’est sur fond d’impuissance que la littérature continue de s’élever. L’impuissance est créatrice, et c’est bien avec un double sens qu’il faut entendre l’expression "impuissance créatrice" : impuissance à créer, et impuissance qui crée, qui incite à créer.
La littérature persiste obstinément à être parole de résistance. Fragile, mais résistante. Ce n’est pas une parole de pouvoir, mais de contrepouvoir : "hors-pouvoir", comme le disait Barthes dans sa Leçon. À long terme, la parole littéraire se révèle gagnante, elle contribue à mieux humaniser l’homme. Sa réception, de générations en générations, invente de nouvelles formes de sensibilité, de subjectivation, de vie. Impuissante souvent dans son présent – puissante dans le temps.
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