Toute idée, aussi légitime soit-elle, court le risque d'être
transformée en idéologie et d'être utilisée par les pouvoirs
en place à des fins qui leur sont propres. C'est ce qui arrive
avec l'idée de la défense des droits de l'Homme lorsqu'elle
se transforme en légitimation de l'ingérence militaire
unilatérale et qu'elle appuie le rejet du droit international.
Pendant la période coloniale, la domination occidentale sur
le monde a été justifiée par le christianisme ou par la «mission
civilisatrice» de la République. Après la décolonisation
et la fin de la guerre du Vietnam, c'est un certain discours
sur les droits de l'Homme et la démocratie, mêlé à une
représentation particulière de la Deuxième Guerre mondiale,
qui a rempli ce rôle.
Cette idéologie a réussi à mystifier et à affaiblir les mouvements
progressistes ou pacifistes qui cherchent à s'opposer aux
agressions occidentales et aux stratégies de domination.
Elle est une sorte de cheval de Troie idéologique de l'interventionnisme
occidental au sein des mouvements qui lui
sont en principe opposés. De plus, elle contribue à faire
oublier aux mouvements altermondialistes que l'ordre socio-économique
profondément injuste qu'ils combattent est soutenu
en fin de compte par la puissance militaire américaine.
Ce livre se propose de démêler un certain nombre de
confusions idéologiques fort répandues, surtout dans les
milieux progressistes, sur les thèmes des droits de l'Homme
et des rapports entre l'Occident et le reste du monde. Il
espère contribuer ainsi à la renaissance d'une opposition
ferme et sans complexe aux agressions impérialistes
présentes et futures.
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