Ils : deux garçons qui font l'amour. Ils n'ont pas d'identité,
pas d'histoire, pas de psychologie, mais un corps aussi lisse
qu'un marbre de Canova, un membre qualifié d'«idéal».
Il n'y a pas de décor, ou plutôt c'est n'importe quel décor,
chambre, plage ou clairière moussue : la seule chose qui
importe, c'est qu'ils puissent s'y étendre pour faire l'amour.
On ne sait pas ce qu'ils se sont dit : ils se taisent lorsque
cela commence. La voix, les mots entre eux n'ayant fait que
préparer à l'amour : «ils entraient par la voix dans le plaisir de
la chair.» Maintenant ils sont dans ce plaisir.
La description détaillée de cette scène d'amour, emblème
de toutes les scènes d'amour, est le fil central du roman et
détermine sa durée. Elle court du premier instant à la
conclusion, sans rien dissimuler, rien arranger, rien oublier.
Les deux garçons sont dans le présent de la chair, sa pureté.
Ils se dissolvent dans le plaisir pris et donné. Au point que
«il» est l'un ou l'autre, interchangeable, unique et double.
Vertige des corps que l'écriture rend palpable, refusant d'identifier,
de dialoguer, de séparer ce magnifique oubli de soi qui
est le comble de soi-même et qui n'existe que dans l'amour
sensuel.
Marie-Noël Rio
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