Mathias Lair cherche une voie à la poésie aujourd'hui. Il le fait abruptement, avec humeur. Sans doute est-ce dû à la forme de ce livre, courts textes qui étaient à l'origine des chroniques écrites pour la revue Décharge, privilégiant souvent les formules lapidaires, non dénuées d'humour, ici regroupées suivant un ordre plus logique que chronologique. Et sa méthode (si ce mot peut correspondre) est simple : prenons une idée qui prévaut par son évidence et décortiquons-la. Qu'en reste-t-il ? Comme une compromission à l'air du temps, à un moment contemporain qui se confond avec le libéralisme... à ce temps d'aujourd'hui, si dépourvu des quelques repères nécessaires à reconnaître que poésie, il y a. Car Mathias Lair ne raisonne pas la poésie en vase clos, il n'éloigne pas ce qui se fait (ou pas) en poésie avec ce qui se passe dans l'art (notamment plastique) ou avec l'état désastreux de notre société.
L'auteur recherche donc ce qui peut faire poésie, à « l'étroit », entre ce qui serait un retour au moderne (mais mieux vaut sûrement cela, même s'il ne s'agit que de continuer « à susurrer, dans la nostalgie des bouts rimés »... ) et une illusion contemporaine où règne l'éphémère, où n'existe plus que l'expérience d'un moment sans poème...
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