Il ne fait pas bon travailler quand les cigales chantent

Il ne fait pas bon travailler quand les cigales chantent

Le banal, le quotidien, revisités par la plume de Bocampe recouvrent une autre dimension. L'auteur invite son lecteur à le suivre au marché, quelque part en Provence ; et inévitablement, le lecteur ne manquera pas de l'accompagner, si ce n'est le talonner. L'étal d'olives, l'étal de poissons, le stand de fromages... la poterie ou encore les étoffes - et pour finir, les santons - délivrent tour à tour leurs attraits et révèlent quelques pans de la personnalité de leurs vendeurs, tandis qu'un curé ayant un peu abusé, comme de coutume semble-t-il, des fruits du labeur des vignerons, fait sonner son carillon avec une heure d'avance.

Tout à ses emplettes, Bocampe réveille autant le sens de la gourmandise que le charme - et l'importance - des traditions locales dans un langage haut en couleurs, à l'image du ciel provençal. Il en faut peu pour que le lecteur n'entende le chant des cigales ou ne réinvente les parfums des produits du terroir. Il en faut peu, non plus, que l'accent du Midi ne chatouille l'oreille de qui saura l'accompagner.

C'est une Provence plus vraie que nature que restitue ici l'auteur, sachant aller, dans un verbe foisonnant, dans une prose éclatée parfois, au plus juste d'une observation fine des moeurs et labeurs des gens de là-bas, de leur travers mais aussi de leur générosité. Au fil des pages, alliant épicurisme et humour, le récit de ces quelques instants volés à la banalité du quotidien suffiront à convaincre qu'effectivement, il ne fait pas bon travailler quand les cigales chantent...

Jean Grin
Animateur de la revue « Axolotl »