Victor Hugo (1802-1885) a été surveillé par les polices française, belge et anglaise de 1850 à sa mort comme le montrent les archives qui nourrissent abondamment ce livre. Cette traque incessante s'explique non seulement par son oeuvre littéraire, mais surtout par son engagement républicain et sa résistance farouche à Napoléon III qui lui vaudront dix-neuf ans d'exil.
Plus surprenant, à son retour en France, Victor Hugo continuera à être surveillé par la République qu'il avait souhaitée, et qui s'immiscera même jusque dans sa vie familiale.
Cette république bourgeoise qu'il secoue de ses prises de positions intraitables en faveur des valeurs de tolérance, d'humanisme et de liberté, le considère comme un représentant de l'extrême gauche dans ses mandats parlementaires et ses innombrables adresses, discours et ouvrages. Auréolé d'une immense popularité, il n'en devient que plus dérangeant pour une Troisième République aux débuts fragiles et incertains qui s'est montrée incapable de préparer et de concevoir une doctrine en matière de sécurité, au point d'utiliser les mêmes méthodes de surveillance policière que celles du Second Empire.
En République aussi, les atteintes aux libertés restent toujours une tentation forte du pouvoir politique lorsqu'il se sent menacé.
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